Par Michel Chabot, Conseiller associé en santé et sécurité du travail
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Sébastien Chabot, BAA
Depuis 2018, la CNESST sensibilise les employeurs et les travailleurs aux dangers du travail en hauteur, mais plus précisément à travailler à l’aide d’une échelle. En prenant en considération qu’en moyenne, au Québec plus de 845 travailleurs sont victimes d’une lésion professionnelle liée à une chute en hauteur, il devient donc important pour les employeurs de sensibiliser leurs équipes aux méthodes alternatives de travail en hauteur. Les outils préventifs sont donc nombreux : échafaudage, plateforme élévatrice ou nacelle sont à prendre en considération. La chute en hauteur peut provoquer un traumatisme cranio-cérébral et peut engendrer plusieurs complications.
Qu’est-ce qu’un traumatisme cranio-cérébral (TCC)?
Le TCC est causé par un contact brusque entre le tissu cérébral et la boîte crânienne, ce qui a pour effet une destruction ou une dysfonction du système nerveux intracrânien.
Lorsqu’on parle de TCC léger, on parle de commotion cérébrale. La sensation vécue suite au coup ressemble à une panne d’électricité que la victime ressent. Elle peut être confuse pendant un court instant.
Un TCC modéré est provoqué par un impact assez puissant pour causer des saignements au cerveau. Cela peut engendrer de la confusion et un coma léger.
Le TCC sévère engendre un coma automatique plus profond et de plus longue durée ainsi que des saignements plus importants pouvant nécessiter une chirurgie.
Contusion vs commotion cérébrale
La commotion cérébrale survient lorsque le cerveau a été secoué de façon significative à l’intérieur de la boîte crânienne. Suite à l’événement, une perte de conscience d’une durée approximative de 15 minutes peut arriver. Généralement, elle n’entraîne aucunes séquelles incapacitantes.
La contusion cérébrale est détectée lorsqu’on retrouve un ou des endroits précis où le cerveau a subi une lésion. Il y a un grand risque d’épilepsie lors d’une contusion cérébrale. Plusieurs séquelles peuvent accompagner cette blessure et la récupération est significativement plus longue.
Scénario type d’un TCC léger
L’accident survient, un coup est porté à la tête du travailleur. Il est important de consulter rapidement un médecin pour avoir un diagnostic clair et précis. Le travailleur n’a habituellement pas besoin d’être hospitalisé plus qu’une journée. En fonction du type de TCC qu’il aura subi, le travailleur pourrait rentrer chez lui dès le lendemain de l’accident. Un arrêt de travail d’une durée de 2 semaines pourrait être nécessaire. Le travailleur ne se sentira pas mieux, il souffrira de maux de tête, il aura un sentiment de fatigue constant, il aura de la difficulté à se concentrer, à lire et à envoyer des courriels et il aura également une humeur changeante et sera facilement irritable et émotif. De façon générale, les symptômes d’un TCC vont se dissiper avec le temps et le repos. Pour favoriser la guérison, il est important de cesser les activités telle l’utilisation de la télévision, les jeux vidéo, la lecture et le travail à l’ordinateur. Il faut également proscrire la consommation de drogues et d’alcool, les sports de contact et les jeux de lumières intenses. Il est possible que la conduite automobile soit défendue pendant la période symptomatique.
Considérant qu’une deuxième commotion pourrait laisser des séquelles permanentes et de plus grande envergure, les activités professionnelles et personnelles du travailleur ayant subi un TCC doivent être prises en considération afin de diminuer les risques possibles à la tête.
Afin de favoriser un retour au travail rapide, l’employeur doit nécessairement privilégier des activités à faible risque de coup à la tête et il doit également mettre de l’emphase sur l’importance du port d’un équipement de protection pour la tête. Selon la gravité, le travailleur pourrait bénéficier du support d’un neuropsychologue, dans un tel cas, une évaluation du fonctionnement cognitif serait effectuée et un plan de réadaptation serait mis en place.
Quelques statistiques
- À chaque année au Québec, 13 000 traumatismes crâniens sont répertoriés, parmi ce nombre 45 % sont causés pas un accident de la route, 30% par des chutes et 10% sont causés par un accident de travail.
- Sur les 13 000 victimes de TCC 3 personnes sur 4 sont des hommes de moins de 35 ans.
- La dépression touche 40% des traumatisés crâniens.
- Moins de 35% des traumatisés crâniens retourneront au travail.
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