par Marilyne Desharnais, Kinésiologue et ergonome
Apprivoiser le nouveau SIMDUT 2015
Nous utilisons tous des produits dangereux ou contrôlés dans nos établissements, mais connaissons-nous les risques et dangers qui y sont associés lors de l’utilisation de ces produits?
En effet, la Loi sur les produits dangereux (LPD) a été modifiée ce qui a amené des changements au niveau des exigences du SIMDUT. Le SIMDUT vise à protéger la santé, la sécurité des travailleurs en favorisant l’accès à l’information sur les matières dangereuses utilisées au travail. Le SIMDUT est un ensemble pancanadien fixant des exigences quant à la transmission des informations sur les matières dangereuses utilisées au travail1. Le nouveau SIMDUT 2015 intégrera le Système Général Harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques (SGH) au SIMDUT actuel. Le SGH ne remplacera donc pas le SIMDUT, mais y sera intégré progressivement.
Les changements prévus auront un impact sur la gestion des produits et sur la manière de comprendre les étiquettes. Ils permettront d’uniformiser les critères pour la classification des dangers et d’uniformiser le format des étiquettes et des fiches de données de sécurité à travers le monde.
Avantages du SIMDUT 2015 entre autres :
- Promouvoir une application plus efficiente des règlements;
- Faciliter les échanges commerciaux;
- Faciliter l’utilisation sécuritaire des produits chimiques;
- Fournir une information de meilleure qualité et plus cohérente sur les dangers.
Les principaux changements du SIMDUT 2015 :
- Les règles de classification;
- Les exigences en matière d’étiquetage;
- Le format et le contenu de la fiche de donnée de sécurité (FDS), anciennement appelé fiche signalétique (la FDS contiendra 16 sections plutôt que 9);
- L’ajout et le retrait de pictogrammes sur le modèle SIMDUT;
- L’ajout de nouveaux termes (ex. : mention d’avertissement et de danger)
Le calendrier suivant permet de connaître les exigences pour les fabricants, les distributeurs ainsi que les employeurs lors de la période de transition. Les étapes sont définies selon 3 phases d’ici 2018 et permettront d’établir une stratégie adaptée à l’organisation.
À partir de la phase 3, tous les produits chimiques devront porter une étiquette ainsi qu’une fiche de donnée de sécurité telle que mentionnée dans le Règlement sur les produits dangereux (RPD).
Les employeurs ont l’obligation de former et de sensibiliser les travailleurs le plus rapidement possible concernant les dangers et l’usage sécuritaire des produits dangereux, et ce, dans l’ancien système autant que dans le nouveau.
Une formation sur l’harmonisation du SIMDUT après le SGH a été présentée le 5 juin dernier aux membres de nos mutuelles. GPI Québec offre maintenant cette formation aux superviseurs et aux travailleurs. De plus, GPI offre la formation de formateurs. N’hésitez pas à nous contacter pour avoir plus d’informations!
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ASPHME. SIMDUT, Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail. www.aspme.org
Management SST : Comment optimiser votre communication sur le terrain
Par Alain Jean, Conseiller SST et RH
Le 5 juin dernier, GPI Québec a offert a l’ensemble de ses clients et de ses partenaires, une formation portant sur la GESTION SST intitulée : « La communication dans l’action ». En voici un bref résumé :
D’ABORD, UN RAPPEL IMPORTANT : Il existe 3 modes de communication
- 1) LE COMBAT = ÉMOTIVITÉ TRÈS ÉLEVÉE: les deux individus impliqués dans la communication cherchent à gagner l’un sur l’autre, c’est-à-dire à prouver à l’autre que c’est lui-même qui a raison. La position « j’ai raison et tu as tort » produit une escalade de débats se terminant généralement par l’insatisfaction des deux individus;
- 2) LA FUITE = FUIR POUR ÉVITER UNE ESCALADE DE MOTS BLESSANTS: la fuite consiste à fuir momentanément notre interlocuteur pour une période plus ou moins longue;
- 3) LA RENCONTRE = BASÉE SUR LA ROUE DE LA COMMUNICATION: en communication, la rencontre consiste à ce que les deux interlocuteurs trouvent satisfaction dans leurs échanges. La rencontre est possible lorsque les individus ont pu, dans la conversation, livrer leurs observations, leurs sentiments, leurs besoins et, finalement, adresser une demande positive et négociable.
Optimiser la communication au quotidien passe par la roue de la communication.
ÉTAPE 1 DÉTERMINER L’INTENTION DE LA DISCUSSION.
C’est à cette étape que, bien souvent, la communication commence déjà à glisser. On veut tellement communiquer avec l’autre qu’on mélange plusieurs intentions (sujets). Comme on dit : «Tant qu’à y être, on va parler de…» La communication devient alors comme un buffet chinois : on parle de tout, mais on ne règle rien. Dès le départ, la confusion s’installe, les justifications commencent, les sujets se mêlent et surtout, on s’éloigne de ce dont on voulait vraiment parler.
Que signifie « communiquer »?
Communiquer signifie « établir des relations avec quelqu’un ». Pour établir une communication, il faut que le message soit compréhensible, clair, net et précis.
RÈGLE IMPORTANTE EN COMMUNICATION :
On parle, on discute, on échange une intention à la fois. Donc, concrètement, on parle d’un sujet.
Petit truc : commencez vos phrases comme ceci : «Mon intention est de discuter avec toi de…»
ÉTAPE 2 PRÉSENTER LES FAITS ET S’APPUYER SUR LES FAITS.
Si vous voulez bâtir des communications efficaces avec vos collègues de travail, partez de faits observables. Concrètement, en partant des faits, cela veut dire que je les ai observés. L’observation des faits laisse entendre que j’y étais, que j’ai vu ce qui s’est passé. Cela ajoute de la crédibilité à la communication à venir. On ne tombe pas dans les pièges suivants : «on m’a dit… on m’a rapporté… » et surtout, « j’ai entendu dire que…». En prenant ce dernier chemin , vous vous positionnez en mode juge, avocat et la sanction s’en vient!
RÈGLE IMPORTANTE EN COMMUNICATION :
On évite d’interpréter, de justifier, d’accuser, de prendre pour acquis ce que l’autre pense… De dire la phrase suivante : «j’ai remarqué = côté négatif». On valide les faits auprès de l’autre : « Hier, j’ai observé que tu es arrivé en retard de 15 minutes. Est-ce vrai?»
Petit truc : commencez vos phrases comme ceci : «J’ai observé …»
ÉTAPE 3 EXPRIMER LES BESOINS OPÉRATIONNELS AFFECTÉS.
Il arrive souvent que des gestionnaires, après une rencontre infructueuse, soient frustrés que l’employé n’ait pas compris leur message. Vous savez qu’à chaque fois qu’une mauvaise communication arrive, des besoins opérationnels sont complètement bafoués. En clair, à titre d’exemple, lorsqu’un employé arrive en retard, cela se traduit comme suit sur vos besoins opérationnels : productivité à la baisse, assiduité déficiente (être présent au travail), etc. Besoin opérationnel = pour qui travaille-t-on? Pour un CLIENT. Vos clients ne veulent pas savoir ce qui se passe chez vous. Si une livraison doit être effectuée vendredi, vous devez travailler en équipe à respecter l’engagement.
Donc, les besoins opérationnels se traduisent comme ceci sur le terrain :
- Volet résultat (besoin de connaissance de l’emploi, de productivité, de délais de fabrication, de qualité, de résolution de problèmes, etc.)
- Volet comportemental (besoins de relations interpersonnelles, d’assiduité au travail, de travail d’équipe, de santé et de sécurité au travail, de respect, de volonté d’accomplir, etc.)
RÈGLE IMPORTANTE EN COMMUNICATION :
N’ayez pas peur de rappeler vos besoins opérationnels, car cela aide à garder le centre d’attention. Souvent, on entend : «Ouin! C’est cela que je voulais dire…» Alors, dites-le!
Petit truc : commencez vos phrases comme ceci : «Je vais te parler de nos besoins opérationnels qui sont les suivants …»
ÉTAPE 4 EXPRIMER VOS SENTIMENTS.
Dans chaque communication, il est impératif que les sentiments soient touchés. Tantôt ils seront négatifs, tantôt ils seront positifs. À vous de les exprimer. Comment? Le plus simplement possible et dans des mots faciles à comprendre. Il vaut mieux les exprimer que de se fâcher et de les présenter de manière agressive…
RÈGLE IMPORTANTE EN COMMUNICATION :
Avant la rencontre, j’essaie de cibler les sentiments qui me tiraillent. À titre d’exemple : «je suis frustré, je suis déçu, je suis choqué, je suis perdu, etc.» Quand la conversion sera enclenchée, il sera important de faire part de nos sentiments à l’autre et surtout, de demander à l’autre comment il perçoit le message. Bien souvent, il sera surpris d’entendre : «Ah ouin! Je ne pensais pas que cela t’affectait… Avoir su…»
Petit truc : commencez vos phrases comme ceci : «Hier, j’étais extrêmement déçu de ton comportement vis-à-vis Benoît».
ÉTAPE 5 ÉVITER LA FAMEUSE PHRASE QUI TUE : «QUE VAS-TU FAIRE POUR CORRIGER LA SITUATION?»
À cette étape, l’intention, les faits, les besoins opérationnels et les sentiments ont été présentés. La chose qui vous trotte dans la tête, c’est « Comment va-t-on régler cela? » En communication, surtout à cette étape, on a tellement le goût de dire à l’autre comment il devrait régler le problème. Cela nous démange, on craque et on le dit à la place de l’autre… Si c’est vous qui le dites, ce n’est pas l’autre. Donc, il ne s’est pas compromis. Ainsi, il ne le fera pas! Et croyez-moi, pour 95% des situations, le problème ne sera pas réglé. Et vous le savez, car dans 3 jours, vous devrez avoir une seconde discussion.
RÈGLE IMPORTANTE EN COMMUNICATION :
En posant la question suivante : «Que vas-tu faire pour corriger la situation?» on applique la technique du SANTA FEE. On négocie la gestion du silence. N’oubliez jamais que le premier qui parle est le premier à casser… Lorsque l’autre se compromet, on applique la stratégie suivante : «J’ai ton engagement que tu vas corriger ou améliorer la situation». ET IMPORTANT : on lui demande de répéter la phrase.
Petit truc : commencez vos phrases comme ceci : «Que vas-tu faire pour corriger ou pour trouver une solution?» On regarde droit dans les yeux et on attend!
En conclusion, si vous voulez optimiser la communication dans vos organisations, sachez maîtriser chacune des étapes de la roue de la communication. Plus vos gestionnaires la maîtriseront, plus vous vous approcherez d’une organisation à l’écoute de ses besoins opérationnels. Vous passerez donc d’un système de communication tolérant à un système de communication exigeant.
*Pour aller plus loin : Rosenberg ,Marshall B., La communication non violente au quotidien Éditions Jouvence, 2003.
En terminant
OBJECTIF MENSUEL
Le 5 juin dernier, lors de la formation offerte par GPI Québec à ses clients et à ses partenaires, l’une des thématiques abordées fut l’harmonisation du S.I.M.D.U.T. avec le S.G.H. Afin de bien vous préparer à l’application de cette transition du S.I.M.D.U.T. 2015, voici certaines étapes à suivre :
Étape 1 Effectuer une liste complète des produits dangereux utilisés dans votre milieu de travail. Prendre le temps de bien répertorier l’ensemble des produits contrôlés dans l’ensemble de vos départements. (En n’oubliant pas d’ouvrir tous les tiroirs, les armoires, les dessous d’établi, etc.);
*Astuce : Belle occasion de faire participer les membres du CSS à la rédaction de liste par département. Cette tâche pourrait être aussi faite en assignation temporaire !
Profiter de l’occasion pour éliminer les bouteilles et/ou les contenants de produits non utilisés en respectant l’environnement. Les produits se retrouvant dans des bouteilles avec des étiquettes absentes ou illisibles doivent également être éliminés.
Étape 2 Après avoir répertorié l’ensemble de vos produits dangereux, préparez des cartables départementaux en y insérant les fiches de données de sécurité (anciennement fiches signalétiques) des produits utilisés. Conservez également une copie électronique de chacun de vos cartables sur votre réseau informatique ;
*Astuce : Retirer les fiches signalétiques des produits périmés et/ou qui ne sont plus utilisés depuis longtemps.
Valider si vos fiches signalétiques ont plus de 3 ans. Si oui, allez sur les sites web de vos fournisseurs et trouvez les fiches signalétiques manquantes.
Assurez-vous d’avoir les fiches en français.
Étape 3 À cette étape, il est important de prendre le temps de bien lire le contenu de chacune des fiches de données de sécurité (anciennement fiches signalétiques) afin de connaître les particularités de chacun des produits dangereux utilisés au travail :
*Astuce : Afin de réagir rapidement lors de toute situation urgente : Il est important de lire, notamment, la section sur la protection individuelle, les sections sur les mesures à prendre en cas d’incendie ou de déversement, sur les premiers secours et sur la manutention & l’entreposage.
Nous disons souvent qu’une image vaut mille mots, donc prenez le temps d’identifier par des pictogrammes les produits transvasés !
Étape 4 S’assurer d’une utilisation adéquate des équipements de protection individuelle selon vos produits dangereux.
*Astuce : Revoir vos méthodes de travail lors de l’utilisation de ces produits.
S’assurer de l’utilisation des EPI par l’ensemble de votre personnel. Pour chaque département, créez un tableau des EPI associés aux produits dangereux utilisés.
Revoir l’entretien, le nettoyage et l’entreposage de vos EPI.
Étape 5 Tout employeur a l’obligation de former l’ensemble de ses travailleurs qui utilisent des produits dangereux sur les deux systèmes, soit le SIMDUT et le nouveau SIMDUT 2015, et ce, jusqu’à l’intégration complète du nouveau SIMDUT 2015.
*Astuce : Prévoir de former vos employés actuels. Prévoyez également une mise à jour de la formation dès que votre programme est modifié ou lors de l’achat d’un nouveau produit.
GPI offre les services de former des formateurs au S.I.M.D.U.T. 2015 ainsi que de la formation aux travailleurs et aux superviseurs.
Étape 6 S’assurer d’une mise à jour efficace de votre programme
*Astuce : Votre programme est vivant, car tout au long de l’année, vous achetez des nouveaux produits, et ces derniers doivent apparaitre dans votre programme.
Nommer une personne responsable du programme S.I.M.D.U.T. Et surtout, informer tous les départements de l’entreprise qu’à chaque fois qu’il y a achat d’un nouveau produit, la fiche de données de sécurité doit être demandée et le responsable du programme doit être informé.
Pour toutes questions, n’hésitez pas à communiquer avec votre préventionniste, qui se fera un plaisir de vous accompagner dans votre démarche.