Skip to main content

Par Marilyne Desharnais, 

M.A. Ergonome, B. Sc. Kinésiologue

Au cours de mes dernières interventions, j’ai constaté une tournure écologique chez plusieurs employeurs. Leur objectif est de réduire considérablement leur utilisation de papier, notamment en conservant les documents en état numérique. La formule est simple : dans les bureaux, moins de photocopies et plus de numérique. Dans les réunions, moins de calepins et plus de tablettes et de cellulaires. Résultats : une réduction des déplacements, un meilleur partage de l’information et des espaces très épurés.

En revanche, ce choix a un coût considérable sur le plan physiologique : le fait se de déplacer moins et de passer plus de temps devant l’ordinateur engendrent l’adoption de positions statiques prolongées.

Qu’est-ce qu’une posture statique?

En gardant la même position durant une longue période, on sollicite les mêmes groupes musculaires de manière prolongée. Il en résulte une surcharge des tendons et des muscles concernés. Cette tension musculaire réduit la circulation sanguine et augmente les déchets métaboliques dans les muscles qui s’accumulent et provoquent une sensation de fatigue. Or, cet état entraîne aussi des lésions au niveau des tissus pouvant évoluer en inconforts et en douleurs.

La charge statique prolongée est généralement due à un déséquilibre au niveau de la tâche (manque de variation) ou de l’organisation du travail (manque de pauses). Ainsi, en diminuant les déplacements quotidiens à l’imprimante et au classeur et en réduisant les tâches d’écriture et de lecture papier, le travailleur reste assis plus longtemps pendant plusieurs heures.

Pour des tâches de saisie répétitives caractérisées par une contrainte visuelle et posturale importante, il est recommandé de prendre une pause de 5 minutes après 45 minutes de travail à l’écran. Pour les tâches conversationnelles moins exigeantes comme le traitement de texte, les recherches sur Internet et la lecture, la pause active sera d’au moins 15 minutes après environ 2 heures consécutives de travail sur écran.

ptitjopied_sur_bureau

 

Est-ce que le fait de passer de 1 à 3 écrans d’ordinateur peut occasionner des inconforts?

En s’orientant davantage sur le numérique, il n’est pas rare que les employés se retrouvent avec de nouveaux outils de travail. Augmenter le nombre d’écran amène nécessairement plus de rotations et de sollicitations au niveau du cou, mais également au niveau de la main. En effet, la possibilité d’avoir plusieurs fenêtres ouvertes peut engendrer plus de déplacements avec la souris pour circuler entre les écrans. En plus, les nouveaux écrans sont généralement plus larges et plus hauts que les anciens. Ainsi, non seulement le cou réalisera plus de rotations, mais il risque de se retrouver également en extension.

En somme, si en plus de bouger moins, les employés se retrouvent dans une position défavorable, la fatigue risque de survenir prématurément. En ajoutant à cela un facteur de stress, ce contexte peut entraîner fatigue, inefficacité, démotivation et absentéisme.

Comment développer une conscience ergonomique dans les bureaux?

 

  1. Dynamiser le travail

Lorsque l’organisation et la nature des tâches ne permettent aucun changement d’activités, il faut intégrer les pauses autrement. Par exemple, en réalisant les réunions en position debout plutôt qu’assise, en organisant des séances d’étirement au cours de la journée ou en fournissant des casques d’écoute sans fil pour favoriser la position debout.

  1. Sensibiliser

Communiquez les principaux symptômes reliés à une position statique prolongés aux employés: position affaissée sur la chaise, tensions, engourdissements, picotements des yeux, maux de tête, etc. Incitez-les à intégrer du mouvement à travers leurs tâches de travail et à varier leurs postures, par exemple en bougeant sur l’heure du dîner ou en prenant les escaliers au lieu de l’ascenseur pour 1 étage. Soulignez l’importance des micropauses (pause de 15 à 30 secondes) et enseignez aux employés à profiter de ces courtes périodes d’intervalles pour décontracter leurs muscles.

  1. S’équiper

Pour favoriser une bonne posture, les équipements de travail doivent s’ajuster aux dimensions corporelles et aux tâches de chaque personne. Certaines stations de travail permettent désormais d’alterner rapidement entre une position assise et debout. Toutefois, la mise en place de ces équipements nécessite une analyse adéquate des besoins et une formation aux travailleurs pour s’assurer qu’ils les utilisent correctement.

  1. Ajuster

Posséder une chaise ergonomique est un excellent début vers un virage ergonomique, toutefois si l’utilisateur ne sait pas comment l’ajuster, elle ne donnera pas les bénéfices escomptés. Il faut apprendre aux travailleurs à adapter leur poste de travail à leurs tâches et à leurs besoins particuliers. Un aide-mémoire pour s’ajuster à l’ordinateur ou  une tournée d’ajustements de postes informatiques permet d’adapter chaque poste à l’utilisateur et de le sensibiliser à éviter de mauvaises postures. Certain outil comme un repose-pied peut aussi aider à varier la position de travail.

  1. Dépister

Rester à l’affût des personnes ayant des douleurs et porter attention à celles portant un brassard. Cela peut signifier des douleurs importantes au poignet ou au coude. Faites une tournée rapide des employés vers la fin de l’avant-midi ou de la journée. Les mauvaises positions de travail ci-dessous sont souvent constatées lors d’un travail assis prolongé :

  • La position penchée vers l’avant ou affaissée sur le côté.
  • Le travailleur semble avoir glissé sur sa chaise.
  • La posture assise en indien sur sa chaise.
  • La tête est inclinée sur le côté et le cou est soutenu par la main.

 

Pour un virage écologique ou pour l’implantation de nouvelles technologies, n’oubliez pas le volet ergonomique!

______________________
Le présent Bulletin ne constitue pas un avis juridique et a été rédigé  uniquement à des fins d’information. Les lecteurs  ne devraient pas agir ou s’abstenir d’agir en fonction uniquement du Bulletin.  Il est de la responsabilité du lecteur de consulter un professionnel pour l’obtention de conseils juridiques spécifiques à sa  problématique.

© GPI Québec inc. Tous droits réservés. La reproduction intégrale et la distribution de ce Bulletin ne sont autorisées à la seule condition que la source y soit indiquée.